jueves, 31 de marzo de 2016

La tragédie

La tragédie




Dans le fond

L'origine de la tragédie se situe dans les rites sacrificiels grecs destinés aux Dieux. Même aujourd'hui, cette notion de sacrifice reste absolument fondamentale dans ce genre théâtral.

Le héros est en but à un système si solide qu'il n'a aucune chance de le renverser. L'ennemi est rarement représenté par un homme, car il pourrait alors être vaincu (ou alors, il s'agit d'un roi si puissant qu'il s'apparente à un Dieu). 
Il s'agit plutôt d'une force occulte, divine, d'une fatalité qui dépasse largement le pouvoir du simple mortel.

La plupart des tragédies ont par conséquent une issue fatale, mais personnellement, je ne réduirais pas ce genre aux œuvres qui "finissent mal".

La tragédie est pour moi un triple avertissement lancé au lecteur/spectateur: 
  1. Si vous vous laissez embarquer dans tel ou tel système, vous êtes fichu.
  2. Ne comptez que sur vos valeurs et sur vous-même pour vous en sortir. Si vous vous reposez sur autrui, sur la "justice" ou sur le pouvoir existant, vous êtes fichu.
  3. Dans tous les cas, vous êtes sûrement fichu. Faites bonne figure, soyez noble de cœur et d'esprit et vous serez peut-être épargné.

J'ajoute enfin que la tragédie se distingue par une distanciation visible et volontaire entre l'histoire et le spectateur: comme l'issue est en général désagréable, il n'est pas souhaitable que le public soit placé dans une situation trop inconfortable par ce qui se déroule sur scène.
Le monde de la tragédie est un "monde cruel"un monde déterministe, mécanique, dépourvu d'amour et de pitié. Les règles qui le régissent ne sont pas conçues pour faciliter l'existence du commun des mortels ni pour leur apporter le bonheur.

La seule alternative du héros est de perdre sa vie ou son âme:
  • D'accepter le système et d'y survivre ou y perdant son honneur, son pouvoir ou sa capacité d'amour.
  • De mourir en laissant un message de courage au restede l'humanité : j'ai eu la force de me battre jusqu'au bout.

Quel que soit son choix, le héros est condamné au sacrifice.

En résumé:

La tragédie nous démontre que le pouvoir et l'argent gagnent toutes les batailles, mais nous laisse un espoir absolu: c'est l'amour et l'honneur qui gagneront (un jour) la guerre.

L'histoire du Christ est donc la tragédie par excellence: il meurt en sauvant le monde. L'issue de l'histoire est prévisible et comporte peu de suspens, c'est la psychologie du héros qui fait l'intérêt de toute la fin de la pièce.

En conclusion 

De nombreux critiquent considèrent que la tragédie a disparu définitivement au XIXe siècle. Je ne suis pas de cet avis. À mon sens, les super-héros qui peuplent nos récits et nos films  depuis près de cent ans sont indiscutablement des héros tragiques.Superman et Batman sont quasi-invincibles et triomphent inlassablement des méchants qui sévissent dans la ville. Inlassablement ? Pas si sûr! Car ce défilé de méchants est sans fin. Nos super-héros sont condamnés
à recommencer encore et encore leur combat contre le mal. Comme Sysiphe, ils sont finalement prédestinés et prisonniers de ce rôle mécanique qui les prive d'amour (impossible pour eux de fonder un foyer !) et de vie privée.

La tragédie est le chant du destin. L'attitude du héros face à ce destin porte le message que l'auteur destine au spectateur.




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