Quelle difference y a-t-il entre le Nô et le Kabuki ?
Nô et Kabuki sont des formes
de théâtre traditionnel japonais.
Le Nô ou « théâtre de cour » apparaît à la fin du XIV ème siècle, il est contemporain des arts martiaux et de la cérémonie du thé. C’est un théâtre sacré, héritier des danses religieuses du Japon ancien qui étaient interprétées avec des masques inspirés par des démons, des animaux fabuleux, et des personnages mythiques. Le Nô mêle des textes poétiques, des chants et de la musique. Le texte est psalmodié, les déplacements sont très lents et l’interprétation est hiératique en raison du caractère tragique des thèmes. Les acteurs - exclusivement des hommes - sont revêtus de costumes somptueux et portent des masques travaillés comme des oeuvres d’art. Leur formation est longue et exigeante et suit une tradition familiale.
Une représentation de Nô dans
la pure tradition comporte cinq pièces entrecoupées de kyôgen, intermèdes
« comiques » destinés à lever la tension dramatique. Le shite ou
« celui qui fait » en est le principal personnage; il porte un
masque qui peut représenter une femme, un jeune prince, un homme ivre, une
ogresse, un démon.
La scène est carrée, le décor est d’une simplicité absolue.
Les musiciens se placent sur une estrade du côté droit; une passerelle
relie les coulisses et la scène; le shite apparaît dans une
brusque ouverture de rideau et un trille strident de la flûte. Tout dans le Nô
est exprimé par le son de la voix ou celui des instruments, par le déplacement
lent ou rapide des acteurs, par les masques qui jouent avec la lumière. C’est
un théâtre où le temps, le son et les éclairages sont déformés et qui conte des
histoires à la lisière du monde humain et de l’au-delà.
Le théâtre kabuki, populaire
et urbain le mot kabuki signifie d’ailleurs
« extravagant » naît au début du XVII ème siècle. Ses thèmes sont historiques et réalistes,
mais il puise aussi dans l’actualité ou le fait divers. C’est un théâtre
épique, qui met en scène des héros légendaires et leurs ennemis. La scène est
complexe, avec passerelles, escaliers, trappes et plateaux tournants pour un
grand nombre de personnages et d’effets spéciaux.
Des dramaturges tel Chikamatsu
Monzaemon, auteur des Quarante-sept Ronins, lui composent des pièces.
Comme le Nô, le Kabuki est un théâtre centré sur l’acteur et ses interprètes se
transmettent leur art de père en fils. Chaque lignée, comme les familles nobles
ou les samouraï, est reconnaissable à son blason ou mon ; elle se reconnaît
également à son maquillage de scène. Depuis 1649, les rôles de femmes, sont
tenus par des hommes mûrs (on appelle ces rôles de travestis des onagata) qui
commencent, sur un maquillage blanc très épais, par se redessiner des sourcils
et une bouche, se revêtent ensuite de leur costume de femme, et terminent par
la pose de la perruque.
Certains maîtres du Kabuki ont
aujourd’hui au Japon le statut de « trésor national vivant ». Et ce
théâtre extrêmement populaire servit également d’inspiration aux peintres
d’estampes. L’un d’eux, Toshubai Sharaku, suivait les acteurs dans les
coulisses et en ville, et les représentait avec tant de réalisme qu’on le
soupçonna de voler l’âme de ses modèles.
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