Jean Racine et ses
contemporains
Le Grand Siècle dans lequel
Racine s’inscrit est particulièrement riche en talents dont la conjonction
constitue le classicisme français. Lully, Poussin ou Mansart, Mme de Lafayette,
Bossuet ou La Rochefoucauld contribuent à la perfection classique. Racine
s’impose dans ce foisonnement, non sans se heurter aux deux autres géants de la
scène, Molière et Corneille. Comme tous les
grands classiques, il prend parti pour les Anciens contre les Modernes.
En
1664, La Thébaïde est jouée, sans grand succès, par la troupe
de Molière, au théâtre du Palais-Royal. L’année suivante, Racine, qui a confié
aux comédiens de Molière sa deuxième tragédie, Alexandre le Grand,
la donne également à la troupe de l’Hôtel de Bourgogne. Molière ne pardonne pas
cette trahison et accueille les rivaux de Racine. C’est ainsi que, en
1670, Tite et Bérénice, pièce de Corneille, est jouée au
Palais-Royal au moment où la Bérénice de Racine remporte un
triomphe.
Corneille,
qui avait triomphé avec Le Cid, en 1637, appartient à la génération
précédente, éprise d’un théâtre héroïque. Racine, à ses débuts, répond au goût
nouveau pour la « galanterie », analyse délicate des sentiments
amoureux. Tendre ou furieux, l’amour domine son théâtre, alors que, pour
Corneille, l’amour reste une passion secondaire, qui doit être maîtrisée au
profit de la « gloire » des héros. Divers épisodes rythment la
querelle des deux auteurs. Quelques vers des Plaideurs parodient
des vers du Cid. Dans la préface de Britannicus, Racine
attaque le théâtre de Corneille qui, lui, dénonce le manque de vérité des
personnages de Bajazet, turcs uniquement par le costume. Mais,
après Suréna (1674), dernière tragédie de Corneille, Racine
n’a plus de rival.
À
partir des années 1680, la querelle des Anciens et des Modernes remet en cause
la suprématie des auteurs et de la civilisation de l’Antiquité. Les Modernes
(Charles Perrault, Fontenelle) veulent appliquer aux arts les notions de
perfectibilité et de relativité imposées par les progrès scientifiques. Pour
les Anciens, au contraire, l’Antiquité demeure la référence absolue,
indépassable. Racine partage avec Boileau, La Bruyère ou La Fontaine, ce
pessimisme conservateur qui voit dans l’antiquité grecque et latine l’âge d’or
de la littérature.
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