HISTOIRE DU
THEATRE NÔ
Le théâtre Nô est
l'héritier des formes les plus anciennes du théâtre Japonais.
Il trouve son origine dans les fêtes religieuses célébrées dans les campagnes,
afin d'égayer les divinités, et ce faisant, s'assurer de leur bienveillance
pour les récoltes. Ces danses avec costumes et masques sont connues sous le nom
de Kagura.
Avec l'arrivée du
Bouddhisme et de ses nouvelles cérémonies, vers 650, les Kagura, d'obédience Shintôcommencèrent
à perdre de leur prestige. Les spectacles évoluèrent alors vers une forme plus
profane, mais toujours très festive. Cette nouvelle forme de représentation
s'appela alors le Gagaku ou Bugaku. Au IXéme
siècle, une nouvelle évolution nommée Sangaku, puis Sarugaku (
"Jeux de Singes" ) ajouta au répertoire des acrobaties et des tours
de magie ou de textes comiques.
C'est à l'époque
Muromachi, sous l'autorité des Shoguns Ashikaga que deux
acteurs, père et fils, établirent les règles de ce qui allait devenir le Nô. Kanami et Zeami gardèrent les grandes lignes du Sangaku,
mais en changèrent totalement la forme. Inspirés par la religion Zen,
en pleine essor, ils écrivirent de nouveaux textes et imposèrent des règles
strictes pour les kimonos, les masques, la musique, la scène... En l'espace
d'une vingtaine d'année, ils avaient transfiguré l'ancien Sarugaku populaire,
en un art raffiné destiné à l'élite militaire et politiquedu Japon.
LA SCENE DU
THEATRE NÔ
La scène du Théâtre Nô
n'est apparue que plusieurs siècles après la mort de Zeami. Joué le plus
souvent en plein air, comme l'aimaient les guerriers Japonais, le
spectacle de Nô n'était séparé du public que par une simple estrade de bois
légèrement surélevée. A partir du XVII éme siècle on prit
l'habitude d'assister aux représentations dans un bâtiment en bois dont la
scène devait refléter l'esprit de cette forme théâtrale si raffinée.
La scène du
théâtre Nô ( B
utai ) s'étend sur environ 6 mètres de côté, et est surplombée d'un toit traditionnel Shintô, soutenu par 5 piliers de bois. Un couloir ouvert de bois laqué ( Hashi-Gakari ) relie la scène aux coulisses (Kagami No Ma ). Un rideau ( Agemaku ), tendu sur une partie de ce couloir, permet l'apparition feutrée des acteurs sur scène. La décoration du fond est souvent une représentation simple et traditionnelle d'un pin Japonais ( Matsu).
Au fond de la
scène se trouvent les quatre musiciens ( Hayashi ) : la flûte
( Fue ), deux tambours moyens ( Ô Tsuzumi et Ko Tsuzumi ) et un grand tambour (
Taiko ). Le Choeur des récitants ( Jiutai ) se place, quant à
lui, à droite de la scène. Enfin un petit escalier de trois marches en bois
permet d'accéder à la salle, après avoir franchi un espace rempli de pierre qui
crée une barrière symbolique entre le monde imaginaire des
acteurs et celui réel des spectateurs.
LES PERSONNAGES DU THEATRE NÔ
Conformément à la
tradition du théâtre Nô, codifiée au XV éme siècle, les personnages
du théâtre Nô sont répartis en deux grandes catégories. L'acteur principal ( Shite )
fait progresser l'intrigue par ses danses ou ses lentes melopées. Alors que le
spectateur peut voir son visage lors de la première partie de la pièce ( Mae ),
dans la deuxième partie ( Nochi ), le Shite porte un masque
pour effectuer la grande danse lente ( Kuse ). Vêtu de
superbes kimonos, l'acteur principal est donc le véritable coeur de la
représentation.
Important pour
dialoguer avec le Shite, le deuxième rôle ( Waki ) permet aux
spectateurs de comprendre à la fois le lieu et le rôle de chaque personnage,
mais également l'intrigue principale de la pièce. Le Waki est le
premier à rentrer sur scène, introduisant l'ensemble de la représentation.
Puis, lorsque le personnage principal rentre en scène, il s'efface durant la
première partie de la pièce ( Mae ) ou dialogue avec lui dans
la deuxième partie ( Nochi ). Le Waki ne porte pas de masque.
Les autres
personnages sont moins importants pour la représentation. Le Tsure (
assistant ) accompagne le Shite dans certaines occasions, et l'assiste pour les
danses. Il porte également un masque. On peut aussi noter la présence de
quelques figurants présents sur la scène, mais uniquement pour
de brefs instants. Dernière précision importante : quelque soit le personnage
interprété, les acteurs du théâtre Nô sont tous des hommes.
LES MASQUES DU
THEATRE NÔ
Les masques ont toujours
joué un rôle prédominant dans la culture Japonaise. Employés depuis l'époque Jômon, ils se sont répandus dans l'ensemble des fêtes
populaires Shintô à l'époque Kamakura. C'est
probablement dans ces traditions qu'il faut trouver les origines des masques du
Théâtre Noh de l'époque Muromachi.
Haut de 20
cm environ, les masques de Nô sont sculptés dans un bois de cyprès,
puis enduit d'une couche de peinture blanche sur laquelle sera appliquée la couleur
jaune caractéristique de ces masques. De l'encre noire est utilisée
ensuite pour les sourcils et les cheveux. L'ensemble est ensuite recouvert
d'une couche de laque très finement appliquée. Les yeux sont
d'étroites ouvertures, rendant difficile la vision de
l'acteur.
Il existe quatre
familles de masque : hommes âgés (Jô), femmes (Onna), hommes (Otoko)
et démons (Oni). Chacune de ces catégories comprend elle-même 4
ou 5 variantes différents permettant de représenter la quasi-totalité
du répertoire du Nô. Il est à noter que traditionnellement, seul le personnage
principal de la représentation (Shite) porte un masque.
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